La bibliographie de la ToupieL'alimentation en otage
|
Présentation de l'éditeur :
Dans l'ombre de la finance et du profit à court terme, une poignée de multinationales aux pouvoirs tentaculaires ont mis la main sur tous les échelons du système agroalimentaire mondial. De la graine plantée en terre à la grande distribution, des OGM à la sélection génétique animale, du négoce à la transformation, rien ne leur échappe. Les ressources s'épuisent, les inégalités se creusent, le paysan est dépossédé de son métier, le consommateur berné. Une seule réponse possible face à la superpuissance industrielle mondialisée : exercer chacun et ensemble, en toute conscience, le droit de choisir ce que nous mangeons. Extrait de l'introduction : "Imaginez-vous devant un distributeur automatique de morceaux de viande. Vous glissez 5 euros dans la fente et enfoncez le bouton de votre choix, par exemple "bavette". Votre geste déclenche une imprimante 3D alimentée en cellules de viande de boeuf, modèle muscle long, cultivées sous cloche aseptique. La machine ronronne trois minutes... Voilà c'est fait, la viande est enveloppée automatiquement et vous la récupérez en bas de la glissière. Fiction ? A peine... les prototypes sont en route. Vous disposez déjà, chez les fournisseurs de restauration collective, d'oeufs en poudre, blancs et jaunes séparés. Mieux, vous pouvez acheter de la mayonnaise sans oeuf ! Ou de l'escalope... de PST, ou protéines de soja texturées, qui n'a de carné que le nom. Ce succédané de viande qui fait le bonheur des végétariens est aussi une arnaque dans pas mal de plats préparés (type nuggets, boulettes ou raviolis) où le PST sert de "meat extender" comme disent les Anglo-Saxons : en clair, il augmente le poids de la viande. L'emballage et le marketing ne vantent que la viande, pas le reste. Tout comme ils oublient de signifier que les escargots de Bourgogne sont le plus souvent turcs, que l'andouille bretonne est parfois faite avec du boyau coréen et du porc polonais et que le jambon d'Aoste est chinois ou vietnamien. Qu'importe, ils sont conditionnés en France. L'emballage made in France fait illusion. Nous vivons une époque où le mensonge économique est roi. Une époque où les mots se vident de sens, où les origines des aliments s'effacent au profit de l'image que l'on veut nous vendre d'eux. La perte de repères sur laquelle nous alertent philosophes et politiques touche aussi l'alimentation. L'industrie agroalimentaire et la grande distribution s'ingénient à inventer une histoire à l'aliment qu'ils nous vendent. Peu à peu, son origine réelle, les champs, les étables, les femmes et les hommes de la terre, les saisons, la mort des animaux, les métiers de bouche s'estompent au profit d'une représentation mentale de la denrée ; représentation savamment concoctée par le marketing. Cette représentation n'a plus de lien avec le réel, mais entretient un fantasme visant à berner les gens. Il n'y a plus ni campagne ni paysans dans cette affaire, mais des usines à malbouffe dont on sait qu'elles peuvent faire des raviolis avec du cheval, de la viande avec des OGM, des antibiotiques et bientôt des hormones, des fruits et légumes avec des pesticides cancérigènes, du lait avec des vaches folles et maintenant du steak sans animal et des préparations aux oeufs sans oeufs. Ce brouillage des cartes sur la nature exacte des aliments sert à nous faire avaler les produits qui procurent le maximum de bénéfices aux industriels qui les fabriquent. Qu'on le comprenne bien, il y a des décennies que le commerce agroalimentaire ne sert plus le client mais la Bourse. Dans les lignes qui vont suivre, vous allez découvrir que votre assiette est sous l'empire de quelques multinationales qui, à grand renfort d'"innovations", rongent notre liberté de choisir notre régime alimentaire selon les saisons et les terroirs, et qu'à l'échelle planétaire, les paysannes et paysans sont les premières victimes de ces stratégies industrielles et financières. Ils sont dépossédés du choix des semences de leurs cultures et de celui des races des animaux qu'ils élèvent. Ils perdent leur accès à la terre, à l'eau, au marché. Notre enquête révèle la volonté permanente d'un certain nombre d'entreprises transnationales de tout faire pour s'interposer entre l'homme et la nature. Pour nous faire oublier d'où nous venons. Pour effacer le souvenir du jardin nourricier primordial qu'est la Terre. Pour endormir notre instinct qui nous pousse à nous tourner vers elle quand nous avons faim et soif ou quand nous sommes malades. Pour nous faire perdre nos repères et mieux nous accrocher à ceux que ces entreprises nous tendent : des marques au lieu de noms d'aliments, une multitude de produits alimentaires industriels, un choix restreint de légumes non transformés, des préparations où la liste des additifs est plus longue que celle des aliments de base, des ersatz peu reluisants, des bidouillages génétiques et tant de gaspillage." Gilles Luneau, écrivain et journaliste français. José Bové, paysan au Larzac, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, est député européen d'Europe Écologie-Les Verts depuis 2009. Il est notamment l'auteur, avec François Dufour de Le Monde n'est pas une marchandise (La Découverte, 2000) et, avec Gilles Luneau de Hold-up à Bruxelles (La Découverte, 2014). Biographie de José Bové. (*) Le prix est indicatif. Il a été relevé à un instant donné et peut varier dans le temps ou selon les rééditions. A confirmer auprès de votre distributeur habituel. |