La Toupie  >  Textes  >  Accepter la réalité et réagir

Accepter la réalité et réagir





Adressé à tous ceux qui peuvent accepter la réalité et y réagir en conséquence





    "On peut définir le développement réellement existant comme une entreprise visant à transformer les rapports des hommes entre eux et avec la nature en marchandises. Il s'agit d'exploiter, de mettre en valeur, de tirer profit des ressources naturelles et humaines. Entreprise agressive envers la nature comme envers les peuples, elle est bien comme la colonisation qui précède la mondialisation qui la poursuit, une oeuvre à la fois économique et militaire de domination et de conquête."
    Serge Latouche - Survivre au développement



Amenée au premier plan par les médias, la crise tridimensionnelle (économique, écologique et sociale) n'est pas sans provoquer la crainte auprès de la population. Il n'y aurait là rien de dramatique si cette crainte était une peur saine qui lui confère la force de bousculer ses conceptions dans le sens d'une prise de conscience. Mais la source de nos problèmes est si parfaitement intégrée à nos vies qu'elle obstrue toutes optiques de changement. Faute d'une remise en question lucide, les maintes et maintes dispositions prises pour parer aux revers d'une économie de croissance sont aussi efficaces que de creuser un trou pour en combler un autre. Ces quelques pages ne visent pas à diaboliser le capitalisme et le progrès qui l'accompagne - toute personne censée et informée connaît, de toute façon, les perversités d'un tel système - mais il s'agirait plutôt d'exposer certains faits démontrant qu'en réalité ce progrès est très subversif. D'une part parce ce que nous négligeons les répercutions directes tout aussi bien qu'indirectes qu'il engendre, mais surtout à cause du sens que nous lui accordons.

Synonyme d'amélioration, le terme "progrès" provient du latin "progressus", qui renvoie à l'action d'avancer. Cependant depuis la révolution industrielle la notion de progrès s'est toujours limitée à la multiplication et au perfectionnement de la production, au détriment de paramètres extérieurs tels que le bien-être social ou l'environnement. D'abord perçus comme une avancée, la résultante de cette conception du progrès est en fait une impasse. Confronté à l'épuisement des ressources et à l'appauvrissement culturel, ce modèle est en réalité devenu contreproductif pour l'évolution de l'humanité. C'est bien à la réalité qu'il faille se rattacher dès à présent, car nos comportements et nos modes de vie sont pour la plupart régis par un imaginaire collectif, celui de la croyance en une croissance illimitée. Or, nul besoin d'être un grand scientifique pour établir que dans un monde aux ressources limitées espérer croître à l'infinie n'est que pure fiction ou utopie. Un enfant de cinq ans parvient à réaliser qu'il ne peut faire plus de châteaux de sable qu'il ne possède de sable dans son bac, et pourtant très peu de politiciens ou d'économistes seraient prêts à admettre que notre continuel quête de croissance se verra un jour confronter au seuil des capacités de notre planète. Quant aux enfants ignorant le fait précédent, ils savent anticiper dès lors qu'ils voient le sable s'amenuiser petit à petit. Hélas la plus terrible des destructions environnementales ne saurait faire douter l'Homos oconomicus de sa finalité : Croître pour croître et consommer pour consommer sans aucun contentement ni aucun autre intérêt que le profit immédiat.

Certes pour parer aux limites écologiques de la planète, le développement durable a été érigé en sauveur. Il s'agit pourtant d'une des plus grandes impostures de notre siècle, car les principaux pollueurs usent de ce dernier pour protéger leurs intérêts. Ils l'avancent comme un nouvel argument commercial, et non des moindres, car qui souhaiterait polluer la planète ? Ainsi le World Business Council for Sustainable Development fusionné à la Chambre de commerce internationale forme un lobby de 163 entreprises transnationales sous le nom de Business Action for Sustainable Development. Cet organisme, dont la tâche et de repeindre le monde en vert, réunit donc les principaux responsables de la pollution : Areva, Michelin, Texaco, Dupont, AOL-Time-Warner, etc.

Comme son nom l'indique, le développement durable n'est qu'une roue de secours pour prolonger le développement autant que possible, aussi nuisible soit-il, et sans qu'il ne soit remis en question. Le WBCSD présenté ci-dessus définit d'ailleurs l'éco-efficience qui fait d'un développement qu'il est durable comme étant "accompli par la livraison de biens et de services à des prix concurrentiels qui satisfont les besoins humains et apporte qualité de vie, tout en réduisant progressivement l'impact écologique et l'intensité du prélèvement des ressources naturelles..." (1). L'usage du mot "progressivement" laisserait presque croire qu'il n'y a pas urgence. Pourtant l'urgence est là, et même s'il est vrai que les techniques de production n'ont jamais été aussi peu polluantes, la production mondiale elle, n'a jamais été aussi élevée. Sa constante augmentation rend même les émissions de dioxyde impossible à réduire (2). Elles devraient même continuer de grimper jusqu'à 20 % d'ici à 2035, causant une augmentation générale de la température de la planète de 3,5° Celsius (3). De grands bouleversements climatiques sont donc à venir, ce qui intensifiera le nombre d'exilés climatiques. Alors que mesure sur mesure ont la volonté de réduire la pollution, seule son augmentation est freinée, et le développement durable qui s'avère plus "rentable" que "durable" ne contribue que peu à la sauvegarde de l'écosystème. La qualité de vie rechercher par l'éco-efficience se voit donc dégradé, et la satisfaction des besoins humains les plus primaires est en péril, faute de ressources naturelles encore intactes.

Le développement durable a été popularisé par le rapport Brundtland, officiellement intitulé "Notre avenir à tous (Our Common Future)", cette publication a été rédigée en 1987 par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement de l'Organisation des Nations Unies, dans ce rapport nous pouvons lire : "Pour que le développement durable puisse advenir dans le monde entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui respecte les limites écologiques de la planète." Alors qu'il est écrit neuf pages plus loin : "Étant donné les taux de croissance démographique, la production manufacturés devra augmenter de cinq à dix fois uniquement pour que la consommation d'articles manufacturé dans les pays en développement puisse rattraper celle des pays développés." Précisons tout de même qu'il faudrait disposer de 3 planètes pour que chaque terrien puisse consommer comme un français, et de 6 planètes pour que chaque terrien puisse consommer comme un américain (4) !

Depuis les années 80, nous avons dépassé la capacité qu'a la terre à régénérer ses ressources naturelles. Parallèlement, alors qu'il a fallut treize siècles entre la chute de l'Empire romain et la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb pour que la population mondiale augmente de deux cents millions d'habitants, trois ans suffisent désormais (5). Afin d'éviter qu'un jour des problèmes éthiques voient le jour pour contrer la surpopulation, il faudrait admettre qu'une minorité d'individus s'accapare la majorité des ressources mondiales. A titre d'exemple, un Américain consomme 5 fois plus qu'un Mexicain, 10 fois plus qu'un Chinois, 30 fois plus qu'un Indien (6) et 50 fois plus qu'un Bangladais. Il est indéniable que certaines populations manquent d'eau, de nourriture, de soins et d'écoles. Il est tout aussi indéniable qu'il suffirait que certains d'entre nous tempèrent leurs besoins secondaires pour vivre ensemble à sept milliards et même plus sur la même terre.

Malgré l'immense bond fait par la science et les miracles qui lui sont dus, notre qualité de vie se dégrade. Il est étonnant de constater une explosion du nombre de cancers, de crises cardiaques, d'allergies, d'obésités, de troubles psychiques, de médicaments consommés (antidépresseurs, tranquillisants, somnifères, etc.) plus ou moins proportionnelle à l'augmentation du PIB. Ce fameux produit intérieur brut mesurant la production d'un pays et à qui beaucoup se fie pour évaluer la qualité de vie, prend pourtant en compte dans ses chiffres la pollution de l'air, la destruction de la forêt, la fabrication d'armes, le coût du stockage des déchets radioactif, le coût du soin des maladies citées ci-dessus, etc.

Partant a priori d'une bonne volonté, de nombreuses inventions intégrant aujourd'hui notre quotidien laissent apparaître tôt ou tard leurs effets néfastes (modification de nos perceptions, introduction de matières nocives dans notre environnement, etc.). Voici l'illustration par excellence, le symbole de notre société de consommation : la télévision. A ses balbutiement dans les années 1950, la télévision a réussi à pénétrer 75% des foyers américains en seulement 7 ans contre 14 ans pour la radio, 23 ans pour le réfrigérateur, 48 ans pour l'aspirateur, 52 ans pour l'automobile, 67 ans pour le téléphone et plusieurs siècles pour le livre avant d'en arriver au même taux d'équipement. Nombreux étaient les sociologues qui voyaient alors en cette objet un outil révolutionnaire qui allait offrir la culture, le savoir et réduire l'échec scolaire jusqu'à contrebalancer le poids des inégalités sociales (7). Il est maintenant estimé d'après une étude récente (8), qu'au-delà du temps perdu devant un écran, les effets - sur l'alimentation et le cycle du sommeil entre autre - de chaque heure de télévision réduiraient d'environ 22 minutes l'espérance de vie des individus de plus de 25 ans. Outre ce fait inquiétant, la télévision perturbe le développement du langage, le déploiement de l'attention ou encore l'émergence de la créativité chez les enfants, augmentant ainsi de 43% pour chaque heures de télévision quotidiennes la probabilité qu'un enfant entre 5 et 11 ans soit sans diplôme. Il ne faut pas non plus oublier l'influence désastreuse de la présence à l'écran du tabagisme, de l'alcoolisme, de la sexualité, de la violence et des clichés, sur les comportements à risques et nos conceptions. L'esprit critique en est lui aussi affecté, l'opinion publique est massivement dirigée par l'engouement des médias pour certains sujets et par leur manque d'objectivité. En tendant de plus en plus à ressembler à du divertissement par souci d'audience, l'information se dégrade dangereusement.

La télévision altère la capacité d'imagination de l'enfant (sa capacité à se représenter les choses). Le pédiatre allemand Peter Winterstein a démontré qu'en passant du temps devant l'écran leurs dessins s'appauvrissaient en détails et perdaient de leur relief, quand ils n'étaient pas carrément déstructurés.





Ces dessins sont faits par des enfants de 5-6 ans, scolarisés depuis l'âge de 3 ans. Le groupe du haut est composé par des enfants qui regardent la télévision moins d'une heure par jour, celui du bas par des enfants qui regardent la télévision plus de 3 heures par jour.

L'accès à la consommation se veut contribuer au bien-être par l'usage de biens et de services. Paradoxalement, être consommateur rend vaines toutes tentatives d'accéder au bonheur. La publicité est là pour nous rappeler à l'ordre, pour créer l'insatisfaction, le manque et une dépendance à des besoins qui étaient jusque-là dispensables. Il serait donc plus sage de ne pas tenter d'avoir tout ce que l'on veut, mais de savoir apprécier ce que l'on a. Il faudrait d'ailleurs faire en sorte de se libérer de la surabondance (de pollution, d'uniformisation, de stress lié au travail, etc.) plutôt que de convoiter avec obsession ce qui nous fait défaut (le pouvoir d'achat, l'emploi, l'innovation, les parts de marché, la croissance, etc.) pour vivre plus simplement et moins stupidement. Dans le même registre, posséder un smartphone ou un écran plat est-il indispensable à la vie ? Comment les hommes vivaient avant l'heure high-tech ? Étaient-ils pour autant des sous-hommes ? Comment s'épanouissaient-ils ? Ce sentaient-ils tout de même exister sans toutes ces possessions matérielles ? En apportant toujours plus de confort, la fainéantise s'impose souvent en maître, l'usage du corps et de l'esprit ne recouvre alors plus qu'un rôle de divertissement.

L'expansion du développement transforme sur son passage l'autarcie des peuples en misère, et partout sur Terre goûter à l'économie devient une addiction qui se substitue à tout mode de vie alternatif (gratuit) et indépendant (libre). L'économisme arrivera à son apogée quand la mondialisation aura transformé toutes les cultures et toutes les ressources naturelles en marchandises. Aujourd'hui l'argent ne représente plus rien de concret et se répand plus vite que les réalités du monde qui nous entoure, l'économie s'est emballée comme un taureau fou. En se déconnectant de la réalité elle est devenue nocive. Elle régit les décisions politiques de tous bords alors qu'il ne s'agit même pas d'une science à laquelle se fier comme prétendu, pour la simple raison qu'elle oublie dans ses calculs un facteur essentiel : les limites de la planète. En revanche, elle est la source de gains faramineux pour une petite oligarchie constituée de financiers. Ceux-ci ont su endetter des pays en voie de développement comme le Brésil, aujourd'hui contraint à rembourser sa dette en puisant dans les poumons de la planète : la forêt Amazonienne.

En renouvelant obsessionnellement le marché pour amasser des gains, le progrès technologique a rendu la surproduction et la surconsommation la cause de la plus part des problèmes écologiques. Croire en l'émergence d'une nouvelle technologie pour régler ces déséquilibres serait alors un nouveau piège du progrès. Il faut tout simplement réduire. Nous ne sommes pas consommateur par nature. La surconsommation s'est généralisée par l'imitation et le souhait d'intégration des individus et des états. Aujourd'hui cette doctrine consumériste est une foi quasi-religieuse et fondamentaliste. Nous sommes pris en otage par le culte et le conditionnement de la consommation. Dans cet empire économique tout n'est pourtant pas régie par le matérialisme et il existe quantité d'alternatives pour contribuer à son bien-être.

Outre ses besoins primaires, il est parfaitement humain d'avoir des désirs. Mais passé un certain seuil, des désirs exacerbés deviennent déraisonnables et finissent par être une source d'ennuis pour soi et les autres. L'ironie veut d'ailleurs qu'une fois l'objet de son désir obtenu, on ne soit toujours pas satisfait. Ces deux constats permettent d'établir que le bonheur de s'achète pas, mais qu'il s'apprend en s'ouvrant au monde et en établissant une éthique personnelle, pas en suivant des modèles préétablis.

Nous avons tendance à oublier que nous sommes issus de la nature et que nous lui sommes dépendants comme auprès d'une mère nourricière. En tant que mère elle est aussi la meilleure des éducatrices pour nous aider à concevoir un modèle de société viable et juste. Nous devrions alors arrêter de l'asservir et la traiter comme une partenaire et une alliée dans nos choix. Continuer à l'exploiter ainsi, c'est mettre en péril notre survie. Car comme la plupart des civilisations ayant chuté en épuisant leurs ressources naturelles (l'Empire romain, les Pascuans, les Mayas...) la nôtre se destine aussi à disparaître à cause de sa dévorante expansion. L'histoire se répètera une fois de plus, mais l'état de mondialisation actuel étend cette fois-ci le risque à toute la planète...

Malheureusement l'influence des grands groupes transnationaux a déjà fait tomber dans l'oubli de multiples modes de vie prospères et harmonieux. Dans son sillage la standardisation culturelle à fait disparaître un grand nombre de savoirs ancestrales. Ceci n'est pas surprenant, étant donné qu'il s'agissait là de savoirs gratuits qui offraient à vivre dans la gratuité ; alors même que ces savoirs étaient d'une immense richesse, une richesse immatérielle qui ne se détériore pas au fil du temps mais se relègue tout en évoluant quand la transmission de génération en génération n'est pas compromise.
En se réadaptant soigneusement à notre environnement direct, nous ne serions plus soumis au trio "croissance, compétitivité, emploi". Chacun contribuerait à produire le nécessaire de l'autre, et l'artisanat trouverait un nouvel âge d'or allant à contre-courant de l'obsolescence programmée (9) et de l'uniformisation. La durée du travail serait réévaluée et les finalités de celui-ci reconsidérées comme des activités humaines essentielles telles que l'autoproduction alimentaire. Le temps libre ainsi dégagé permettrait à tous de pratiquer les arts, la science, la philosophie et toutes activités qui améliorent l'existence commune.

Un environnement plus sain, des relations non plus fondées sur la compétition mais sur l'entraide, et une réappropriation de la lenteur et des saisons favoriseraient considérablement l'éveil des qualités humaines. Moins utopique que la quête d'un "toujours plus", ce nouveau rapport de proximité est concevable, les avancés en matière de santé, de communication et de transport ne seraient pas abandonnées mais seraient alors utilisés avec plus de parcimonie et d'efficacité. Cette forme de frugalité n'aurait rien de contraignant, la liberté n'étant pas de pouvoir choisir entre un produit A, un produit B ou un produit C ; mais de pouvoir s'affranchir de la servitude consumériste afin de se concentrer sur l'essentiel. Pour conclure, le progrès n'est sans doute pas dans l'évolution des gadgets inondant le marché, mais dans l'éveil des consciences. Chaque composante de notre quotidien a son alternative, tout est affaire de connaissances et de savoir-vivre, et il y a là plus à gagner qu'à perdre.

Vouloir changer le monde dans lequel on vit passe d'abord par un changement personnel, chacun devrait se reconnecter à son environnement. Car c'est le moment d'arrêter de chercher des fautifs, d'accuser un groupe ou un système quelconque. Nous sommes tous responsable à titre égal. Dans nos vies quotidiennes chacun de nos choix façonnent la dite "société". Celle-là même à qui nous trouvons tant de maux. Oui, la société n'est pas une entité extérieure à l'individu, c'est l'individu qui la compose ! Suivre telle ou telle voie c'est en accepter les règles, les contraintes, mais aussi les répercutions. Sans le savoir beaucoup de nos agissements sont donc contraires à notre morale.

Afin d'améliorer significativement l'état du monde il faudrait que chaque homme se responsabilise et aille dans le sens d'une alternative au "oui" ou au "non" et au "pour" ou au "contre". Ceux-ci sont la source de la majorité des conflits au sein de l'humanité, ils empêchent toutes visions élargies du monde. Il faut briser les apparences en adoptant un point de vue relativiste. Cela est nécessaire pour ne plus se laisser piéger par les illusions qu'induise un culte, une doctrine, une mouvance... Il n'appartient qu'à nous de se réapproprier la terre, afin d'éviter la souffrance d'une rupture qui s'accentue de jour en jour.


"C'est parce que la société vernaculaire a adapté son mode de vie à son environnement qu'elle est durable, et parce que la société industrielle s'est au contraire efforcée d'adapter son environnement à son mode de vie qu'elle ne peut espérer survivre."
Serge Latouche - Survivre au développement


"Nous devrions être les jardiniers de cette planète. La cultiver comme elle est et pour elle-même. Et trouver notre vie, notre place relativement à cela. Voilà une énorme tâche. Et cela pourrait absorber une grande partie du loisir des gens, libérés d'un travail stupide, productif, répétitif. Or cela est très loin non seulement du système actuel mais de l'imagination dominante actuelle. L'imaginaire de notre époque, c'est celui de l'expansion illimitée, c'est l'accumulation de la camelote..."
Cornelius Castoriadis - Le Monde diplomatique, août 1998


"La division tayloriste du travail a non seulement fragmenté l'ouvrage de l'artisan en une multitude de gestes insignifiants, mais elle a réussi de plus à imposer une définition strictement mécaniste de l'homme. L'être humain devient dans ce contexte un ensemble de comportements qu'il s'agit d'ajuster aux caractéristiques technologiques de la production. Cette situation élimine pratiquement toute idée de vie intérieure. [...] L'individu a donc tendance à se concevoir comme un vide à remplir : il fume, boit et mange, non par plaisir mais par une sorte de fatalité. Il s'installe dans la vie en adoptant le point de vue du contenant. Il reçoit des images, des sons, des stimulations. Il entend des opinions, il assimile de l'information. Il voit sur l'écran les rêves des autres, il regarde vivre. Son manque à être se dissimule aussi dans l'envie insatiable de posséder, d'obtenir des privilèges, d'avoir du prestige et du pouvoir. Son manque à être se dissimule aussi dans le bavardage et la turbulence. Il se remplit de mots. Il se laisse intoxiquer par les abstractions. Il fait siennes les modes qui passent, qu'elles soient vestimentaires ou religieuses. Ce sont là des formes de consommation qui trouvent leur origine dans la peur du vide, dans l'appréhension de mort que laissent le silence et l'inaction."
Denis Pelletier - Une conception de vie à refaire


Les lois et les lobbys retreignent nos libertés et notre indépendance, ne les laissons pas dicter nos comportements dans l'intérêt du capital, ne laissons pas le fascisme économique s'imposer en maître du monde.







Reproduction et diffusion vivement encouragées !


GP, Janvier 2012





Notes :
  • 1. Document du WBCSD pour le Sommet de Johannesburg, 2002

  • 2. PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 2002

  • 3. Rapport de l'Agence internationale de l'énergie, 2011

  • 4. Global Footprint Network (institue indépendant travaillant sur l'empreinte écologique)

  • 5. Intervention de Ronald Wright dans le documentaire Survivre au progrès, 2011

  • 6. Chiffres cités dans le documentaire Surplus, la consommation par la terreur, 2003

  • 7. Desmurget, TV Lobotomie, 2011

  • 8. British Journal of Sports Medicine, "Television viewing time and reduced life expectancy : a life table analysis", 2011

  • 9. L'obsolescence programmée regroupe l'ensemble des techniques visant à réduire la durée de vie ou d'utilisation d'un produit afin d'en augmenter le taux de remplacement. Voir le documentaire : Prêt à Jeter, 2010.




Accueil     Textes     Haut de page