La démocratie reste à conquérir !Mode de scrutin, médias, Europe...La démocratie est un mot qui fait toujours rêver. Des hommes libres et égaux qui se répartissent équitablement le pouvoir, sans qu'il y ait de distinctions dues à la naissance, la richesse, la compétence... La voix de la femme valant celle de l'homme, de même pour le noir, le maghrébin et le blanc, l'illettré et le lettré et, bien sûr, le pauvre et riche... Nos pères, nos grands-pères, nos arrière-grands-pères se sont battus pour elle. Certains en sont morts. Deux siècles auront été nécessaires. Mais est-on arrivé au bout de nos rêves ? L'Assemblée nationale ne reflète absolument pas la composition de la société, ni sa variété. Qui, en effet, représente les 4 à 7 millions (selon le mode de calcul) de pauvres ou, plus largement "la France d'en bas" ? Le système électoral, le scrutin majoritaire à deux tours et par circonscription, par opposition au système proportionnel, porte une grande part de responsabilité dans cette représentation inéquitable. Le système "majoritaire" est certes efficace pour la stabilité du gouvernement, mais, en favorisant les grands partis politiques, il lamine la diversité de la société. La conséquence en est le désintérêt de la politique d'une grande partie des citoyens laissés ainsi de côté par cette forme de démocratie... avec toutes les conséquences que cela peut avoir en terme de repli communautaire et de rejet des valeurs républicaines. Cette non représentativité de l'Assemblée nationale est clairement apparue lors du référendum sur le TECE (Traité établissant une Constitution pour l'Europe) où 95% des députés appartenaient à des partis ayant appelé à voter "Oui". On peut dire la même chose des médias qui, à la quasi-unanimité, défendaient aussi le "Oui". Le peuple souverain en a décidé autrement. Le peuple peut toujours en décider autrement. Quant aux grands médias (télévision, radio, journaux, magazines), ils jouent un rôle très important pour capter l'attention, mettre le zoom sur tel ou tel problème, en occulter d'autres beaucoup plus importants et, au bout du compte, façonner les opinions. La presse devrait être réellement indépendante, or, l'est-elle vraiment ? A qui appartiennent les médias ? Certainement pas aux plus défavorisés et ni aux laissés-pour-compte ? Aux grands médias, se rajoute le règne des experts, apportant la caution de leur science et bénéficiant d'une forte influence, officieuse, souterraine, sur les centres de décision. On n'ose pas contredire un expert, là où un large débat serait nécessaire. En outre, le vrai pouvoir ne se situe plus guère dans les urnes, il est avant tout économique, en particulier au niveau supranational. L'Europe, du moins l'eurocratie qu'on voudrait nous imposer, a un fonctionnement pour le moins abstrait, opaque, faisant la part belle au lobbying de toute sorte, économique, communautariste... Qui peut dire que le fonctionnement de l'Union européenne est démocratique ? Il en est de même des institutions internationales comme le FMI, l'OCDE, l'OMC, la Banque Mondiale qui n'ont aucune représentativité démocratique. Pierre Tourev, 27/06/2006 |