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Ecologie - économie

Fuite en avant dans le futile,
économie de gaspillage et de destruction



L'origine des mots est proche mais celle de l'économie est plus ancienne.

ECOLOGIE* : Mot créé en 1866 par Ernst HAECKEL -Médecin, biologiste (anatomie comparée et zoologie), darwiniste, philosophe allemand- à partir du grec oikos : habitat, maison et logos : étude, science, discours sur....
Il s'agit de la science des relations entre une espèce végétale, animale... -ou un groupe d'individus de cette espèce- avec les autres espèces et le milieu - géologique, climatique -humidité, chaleur, vent, saisons-... ce qui constitue les conditions d'existence.
Cela s'applique également à l'espèce humaine... en voie d'humanisation. L'écologie - la vraie - a l'avantage de remettre l'espèce humaine à sa place. Ce qui n'est pas vraiment admis et le mot est employé à tort et à travers.
Personnellement je refuse l'étiquette d'"écologiste" : je dis que je "pense global et radical (aller aux racines>>humus!)" Ou j'essaie....

ECONOMIE : de oikos : maison, domaine et nomos : loi, administration.
Qui a créé ce nom ? Il s'agissait alors d'économie domestique ou "vernaculaire" (esclave né dans la maison du maître): tout ce qui était cultivé, élevé, tissé, confectionné à la maison, ou sur le domaine.
Pour la première fois XENOPHON -426>-355 --disciple de SOCRATE -470>-399-- l'a utilisé largement. Dans "L'économique", il aborde aussi l'agronomique comme on dit maintenant. Tous les aspects de la gestion d'un grand domaine... dont il est propriétaire.
Puis il a fallu attendre ARISTOTE -384>-322 pour faire avancer la pensée économique. Il faisait la différence entre l'économique et la chrématistique qui vise la richesse, la possession. Toujours plus.
Il a fait aussi la distinction entre la valeur subjective (qui peut être approchée de la valeur d'usage) et la valeur commerciale (ou valeur d'échange).

Là, on se rend compte qu'économie et écologie sont proches.
* Lorsque j'ai commencé à travailler à 17 ans à peine, c'était à la "SOCIETE GENERALE pour le commerce et l'industrie" Agence AP St Lazare. Là j'ai appris que la banque pouvait prêter 8 fois les dépôts des clients. Bigre ! Comment est-ce possible ? Et j'ai pensé à la multiplication des pains (et des poissons, je crois) dont j'avais entendu l'histoire quelque 6 ans auparavant... "au caté". Pour moi c'était du même ordre. Et j'ai toujours été méfiant vis à vis de ces pratiques économiques, financières. Et plus récemment très critique vis à vis de l'économie.

1) Partir de la "biosphère" -de la réalité de base- qui nous a donné naissance
(Evolution) et nous permet de vivre.

Le Vivant a changé l'atmosphère de la Terre grâce à la photosynthèse ---> oxygène.
Nous dépendons des autres espèces végétales et animales, et comme elles du climat et de la météo (humidité, température, vents .), des grands cycles bio-géo-physiques, des cycles du carbone, de l'oxygène, de l'azote, du phosphore...

>>>Les humains se sont rassemblés en sociétés, dans ce contexte.
Une société humaine -comme les autres- ne peut être qu'insérée dans la biosphère, même si elle peut modifier localement son environnement, dans certaines limites.
Elle doit respecter les grandes lois de la Vie. Sinon... elle prépare sa destruction.
Une des fonctions des sociétés : l'économie. Cette dernière lui permet de vivre et survivre, de progresser, matériellement surtout. Chaque type de société a une économie, comme celle des chasseurs-cueilleurs...

>>>L'économie est dans la société qui est dans la biosphère.
Les sociétés industrielles modernes ont été "développées" grâce à des énergies efficaces, abondantes et pas chères (le pétrole est l'énergie du développement -depuis les années 1950-60 -et de l'extraction...), grâce à des métaux abondants et pas chers... et grâce à un crédit massif.

Et aussi grâce à la croyance que c'est Le Progrès, que c'est un acquis -définitif- pour une partie de l'humanité mais généralisable grâce au développement. "Les ressources naturelles sont inépuisables..." ! J. B. SAY 1828-30, même les non-renouvelables ! --énergies fossiles et métaux-- ; mais celles-ci alimentent à 80 /85% nos sociétés industrielles. Nos sociétés reposent donc sur ce trépied fragile : énergie, métaux, "château de cartes" du crédit... lequel impose la croissance du P.I.B. (service de la dette).

>>Actuellement, l'économie domine les sociétés et interfère gravement, négativement dans la biosphère.
Processus croissant avec l'industrialisation forcenée. 1847 : premières sociétés qui sont devenues "multinationales" : General Electric, Siemens, puis Standard Oil (S.O. = ESSO > Chevron et Exxon Mobil), Bayer, Nestlé, Michelin, Ford 1903. Leur nombre et celui de leurs filiales a "explosé" au cours des "30 glorieuses"... A présent, elles peuvent attaquer les Etats devant des "tribunaux d'arbitrage internationaux" créés par elles, composés d'avocats d'affaires -et non de juges-, et tout se passe dans le secret, ce qui permet des arrangements... douteux.

>>>Pour remédier à ces problèmes -"environnementaux"!-, des économistes proposent de donner à la biosphère, à la nature, une valeur économique ! = Extension de la domination. Faire entrer la biosphère dans la sphère économique ! Le monde à l'envers ! Autant marcher sur la tête... Tout comme des juristes veulent accorder des droits à notre planète TERRE ! Anthropocentrisme. Domination. Maîtrise. Gouvernance.

La domination du marché généralisé a désencastré l'économie, a sorti l'économie de sa place dans la société. Karl POLANYI -1944- a proposé de "réenchâsser" l'économie dans la société. On peut ajouter : et la société dans la biosphère.
C'est JOSPIN qui a dit "OUI à l'économie de marché. Non à la société de marché."
On avait déjà les deux. Une société dans laquelle domine l'économie de marché est une société de marché, ou un bon début. Et tout est fait -progressivement- pour l'extension du marché. Il n'y a pas d'autre voie ! T.I.N.A. C'est même le marché qui doit -à terme- gouverner le monde - "connecté"- dont les individus. Transhumanisme. Démocratie... ?

>>>Facteurs de production : ressources naturelles, travail, capital, connaissance-information.
Si les ressources naturelles diminuent, la connaissance-information croît et pallie à ce phénomène. Un facteur diminue >> un autre augmente. Tout va bien : grâce à la croissance de la connaissance-information, on arrivera à faire quelque chose... avec RIEN. J'ai pu lire ces balivernes... (Cf. Robert SOLOW 1974 - récemment) Toujours le déni. La négation de la -dure- réalité.


2) Autre aspect : La "science" économique a été inspirée par la mécanique de NEWTON. On retrouve dans ses expressions des mots de la physique, de la mécanique : équilibre (du marché, du budget), balance (commerciale, des paiements), masse (monétaire), circuit (des biens et services contre celui de la monnaie) cf : le "ZigZag" -1758- de QUESNAY, forces (du marché), flux (financiers), élasticité (de l'offre ou de la demande)... Et la gravitation des prix autour de leur niveau naturel (A. SMITH)... La Terre tourne toujours autour du soleil... dans le même sens. Si elle tournait dans l'autre sens, il suffirait de changer les signes des équations. C'est le monde de la permanence. En chimie aussi bien sûr : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" LAVOISIER.

Représentation circulaire de l'économie. Paradigme mécanique.

Pourtant, en 1824 (CARNOT)-1865 (CLAUSIUS) est née la thermodynamique. Le second principe affirme la dégradation - dispersion- de l'énergie = du plus concentré au moins concentré. Cette réalité est aussi celle de la matière, des métaux. En effet, il y a dégradation, dispersion par frottement, par oxydation... par "l'usure du temps". Ce qui est dégradé en fines particules est perdu, inutilisable pour l'homme. Non recyclable car irrécupérable. Et puis recycler à 100% est impossible. Ce sont des données de la simple observation.
Nous ne sommes plus dans la stabilité du modèle économique circulaire, même s'il y a des "crises".
L'énergie et la matière dégradées, dispersées, perdues pour l'espèce humaine, ont perdu là leur valeur économique : transformées en "déchets" inutilisables.
La "science" économique n'a jamais intégré cette réalité fondamentale, base de l'activité économique, donnée de l'observation.
Elle est inadaptée, illusoire, dangereuse.


>>>La "science" économique ignore les bases réelles de l'activité économique, en particulier les métaux... " et leur "espérance de vie" pour l'humanité. Je veux dire leur disponibilité.
Seuls les prix l'intéressent. Le court terme.
J'ai parcouru le fameux cours de Paul SAMUELSON : Le mot "déchets" -par exemple- n'y figure pas. L'activité économique moderne ne produit pas de déchets, ni de pollutions. (Même s'il y a
Véolia-Propreté, etc... !) Un monde "idéal" loin des réalités !
Certes des économistes se font remarqués positivement. Par exemple, le jeune Victor COURT avec sa thèse de doctorat à 28 ans sur "TRE et croissance économique". Plus de 300 pages en anglais. (TRE : Taux de Retour Energétique).

>>Ainsi, j'ai fait remarquer à des économistes dits "atterrés", il y a quelque temps que si la croissance mondiale était d'environ 3% par an, les bases biologiques* et physiques* de cette activité économique diminuaient. Combien de temps ce grand écart pouvait encore durer, tenir ?
* Biologiques : Terres cultivables par dégradation des sols, érosion, désertification, urbanisation-- Biodiversité agricole... Forêts... Ressources halieutiques... Pollinisateurs...

* Physiques : ressources NON renouvelables : énergie fossile (80% de l'énergie primaire mondiale), métaux, métaux rares, phosphore... Eau disponible...

Je n'ai eu pour toute réaction que le sourire de l'un d'entre eux. Le déni... ou la fuite.
Je ne donnerai pas de noms...
Une autre question posée auparavant à d'autres -sauf un- économistes : "Un modèle mécanique d'équilibre général peut-il rendre compte de phénomènes thermodynamiques ?" Un seul a compris : Jean-Paul FITOUSSI, et je sais pourquoi...
Les autres... aucune réaction, aucune question, le néant de la pensée -dès qu'on sort de son domaine strict, habituel... - Pourtant la théorie de l'"équilibre général", ils connaissent. Ils ne savent pas que c'est une représentation mécanique ? qu'officiellement l'économie se rattache à la mécanique.... ? Comment enseigne-t-on l'économie qui est là plus une idéologie qu'une science.

Ils ne savent pas que l'activité économique -surtout industrielle- relève de la thermodynamique, avant de relever des "lois économiques". Il a fallu du temps pour que le grand bluff du "Prix NOBEL d'économie" soit dénoncé. !

Une autre économie est vitale, basée sur les réalités biologiques et physiques de notre monde.

Vous n'ignorez pas les problèmes énormes -vitaux pour de plus en plus de monde dès aujourd'hui (>migrants...) - que pose la société industrielle moderne = réchauffement : sécheresse/inondations- dilatation et acidification des océans..., etc. = détérioration des sols qui nous nourrissent au meilleur prix : érosion éolienne et hydrique : on sait comment lutter contre et enrayer ces dégâts mais on préfère la forte valeur ajoutée de l'innovation high tech destructrice (énergie et ressources rares, limitées) et pour des gadgets (voiture autonome...) que seuls les plus riches pourront se payer.... La fuite en avant dans le futile, ignorant les réalités de l'activité économique moderne, "économie de gaspillage" et de destruction.
Si de plus en plus de pauvres meurent de faim, ce n'est pas grave. Cela ne remet pas en question notre mode de vie... Voir la pub...
L'obsession "chrématistique" nous mène à la ruine, à la famine, à l'effondrement, au chaos.

ll existe d'autres raisons de vivre".
NON ?



Roger Luce, 07/01/2019



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