Faillite du néolibéralismeLe réguler ou le moraliser, c'est le remettre sur les railsLa chute du mur de Berlin et la disparition de l'URSS ont permis au néolibéralisme de conforter son hégémonie et de devenir l'unique idéologie politico-économique audible durant les années 1990-2000. Sa doctrine triomphante, modèle de pensée unique, est fondée sur quelques idées simples formant un ensemble cohérent :
L'application méthodique des principes néolibéraux a conduit à la régression sociale et à la marchandisation de pans entiers d'activités qui relevaient autrefois du domaine public. Le développement de la précarité, liée à une plus grande flexibilité du travail, et des bas salaires a engendré une forte augmentation des inégalités. Les réformes fiscales de ces deux dernières décennies ont profité aux plus riches et ont favorisé les revenus du capital par rapport aux revenus du travail. Nombre de services publics ont été démantelés ou ont vu leur accessibilité se réduire. La protection sociale, l'indemnisation du chômage et les conditions d'accession à la retraite à taux plein se sont dégradées. En outre, le taux de chômage est toujours resté à un niveau trop élevé pour que les rapports de force entre le patronat et les salariés puissent bénéficier à ces derniers. La crise économique qui a donné un coup de frein brutal à l'économie et fait redécouvrir quelques vertus au "modèle social" français, a signé la faillite du néolibéralisme, c'est-à-dire du capitalisme sauvage, livré à lui-même. Alors que cet échec aurait pu être l'occasion de remettre en cause le système dans son ensemble, l'agitation médiatique et les velléités des dirigeants des grands pays ont accouché d'une souris. Stigmatiser les paradis fiscaux ou les bonus des financiers, c'est traiter les symptômes, pas le fond du problème. Vouloir "réguler" le capitalisme financier, le "moraliser", lui donner une "éthique", ce n'est pas le remettre en cause. C'est le remettre sur les rails pour qu'il poursuive son entreprise de régression sociale et d'extension de la marchandisation à toute la société, pour qu'il poursuive sa stratégie de grignotage de tous les acquis que les luttes politiques ou syndicales sont parvenues à obtenir au cours de l'histoire en juste compensation des progrès techniques. La crise met provisoirement en sourdine les prétentions de la doctrine néo-libérale. Le refus d'augmenter les impôts des plus riches (maintien des niches fiscales) montre bien que la droite entend continuer la politique qu'elle a menée jusqu'à présent. Dès la sortie de crise, si tant est qu'il y en ait une un jour, sera annoncée, les attaques contre les acquis sociaux vont reprendre, ainsi que la politique de réduction des dépenses publiques liées à la solidarité… … sauf si, comme dans le cas du CPE en 2006, les forces progressistes (au sens du progrès social) enfin unies, y opposent une résistance frontale. Pierre Tourev, 05/09/2009 Voir la définition du néolibéralisme |