L'homme est un loup pour l'hommeEviter le pire et améliorer l'ordinaireN'en déplaise à Jean-Jacques Rousseau, rien dans l'histoire de l'humanité ne permet d'en déduire que l'homme naît naturellement bon et heureux et que c'est la société qui le corrompt. On pourrait même, avec Thomas Hobbes (1588-1679) affirmer le contraire : "A l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme." (Léviathan - 1651). A l'échelle de l'humanité, la démocratie est un phénomène rare. Monarchies absolues, autocraties, oligarchies, tyrannies, dictatures, despotismes, sont des régimes bien plus fréquents. Les modes d'organisation sociale n'y changent rien. Esclavage, féodalité, corporatisme, capitalisme, communisme, tous ces modèles d'organisation ont généré des inégalités et des classes dominantes (guerriers, aristocraties, clergés, bourgeoisies, apparatchiks, fanatiques...) qui ont construit leurs pouvoirs en écrasant, exploitant, terrorisant ou manipulant le plus grand nombre, voire en exterminant les perdants. La société, avec la morale, la loi et l'éducation, parvient parfois à adoucir ce constat. Un vent de civilisation apporte l'espoir. Il est en général de courte durée. Des circonstances particulières, des évènements extérieurs, l'émergence d'un "loup" plus habile que les autres, érigé en "guide suprême", font qu'en quelques années un pays peut basculer dans la barbarie, la guerre civile, le génocide ou entraîner tout un continent dans un conflit meurtrier. Les tyrans pervers et sanguinaires ont toujours jalonné l'histoire. Il est scientifiquement établi qu'en deux ou trois générations l'espèce humaine n'a pas génétiquement évolué. Des Hitler, Staline ou Pol Pot réapparaîtront tôt ou tard ici ou là. Quant au "grand soir" de la révolution, s'il se produit de temps à autre pour corriger des inégalités ou des injustices devenues insupportables, l'élan populaire est vite détourné par une partie de la population, une classe sociale, comme la bourgeoisie après 1789 ou les dirigeants du parti en URSS ou en Chine. L'élan populaire est encadré, anesthésié, brisé. Il ne s'agit pas de désespérer de l'espèce humaine, mais d'être lucide et sans illusions. Même le meilleur des systèmes, le plus efficace dans la répartition des richesses, serait rapidement détourné au profit de quelques-uns : armée, aristocratie, oligarchie, ploutocratie, bureaucratie... De même que le capital est soumis au phénomène d'accumulation, le pouvoir appelle le pouvoir. Les plus optimistes défendent le remède miracle : l'éducation, l'éducation et encore l'éducation. L'éducation et l'instruction sont effectivement des caractéristiques de l'être humain. Sans transmission des connaissances, ce serait la fin de l'humanité et le retour à la barbarie. Mais l'éducation demande un effort permanent, à la fois pour la société qui doit la mettre en oeuvre et la financer, mais aussi pour celui qui apprend. La connaissance ne s'acquiert pas sans effort et sans une certaine abnégation. Il est toujours plus facile de céder à la tentation des jeux vidéo, de l'image et du virtuel ludique, de tout qui est devenu le nouvel opium du peuple. Pour échapper à ce noir tableau, il n'y a pas de solution miracle. Et je n'en entrevois aucun. L'homme sera toujours un loup pour l'homme. A défaut de solution miracle ou en l'attendant, on peut toujours essayer d'éviter le pire et améliorer l'ordinaire :
Pierre Tourev, 03/07/2007 |