Les limites du libre-échangePrésenté comme la panacée universelle et le système qui optimise le mieux les moyens de production, le libre-échange génère un ensemble de coûts non pris en compte par le système économique actuellement en place, le capitalisme. La mise en compétition des travailleurs des pays développés avec les mains-d'oeuvre abondantes, peu qualifiées, sous-payées et exploitées (y compris le travail des enfants) des pays en développement, ne peut que conduire à un nivellement par le bas des salaires et des acquis sociaux. Qu'on l'appelle "dumping social", "course au moins-disant", ce n'est ni plus ni moins qu'un effet de vases communicants. ![]() Pour les pays développésLes conséquences diffèrent selon la flexibilité des salaires :
Contrainte extérieure Les pays ayant un déficit de leur commerce extérieur doivent emprunter sur le marché international pour se procurer des devises. Ces dettes génèrent une contrainte financière qui va peser sur la politique intérieure : ralentissement de la croissance, chômage, réduction des investissements. Les pays en développement profitent-ils réellement du libre-échange ?Bilan qualitatif défavorableLa théorie économique semble montrer que le libre-échange est globalement créateur d'emplois mais ce bilan quantitatif doit être relativisé par une vision plus qualitative. Les emplois créés sont moins bien rémunérés et avec une protection sociale dégradée. Un handicap par rapport aux pays développés Seuls les pays riches sont en mesure de soutenir certaines de leurs activités, telle l'agriculture, par des formes de subventions autorisées (ex : PAC pour l'Union européenne) alors qu'ils imposent aux pays les plus pauvres d'abandonner le seul moyen de protection dont ils disposent, les barrières douanières. Des spécialisations plus ou moins profitables Les spécialisations que génère le libre-échange ne sont pas équivalentes. La réalisation de produits manufacturés nécessite la maîtrise de tout un processus de fabrication, tandis que les extractions de matières premières ne conduisent pas à une industrialisation. A la merci des aléas de la fixation des prix En l'absence d'instances de régulation, les prix, soumis à la loi du marché, peuvent se révéler "désavantageux" à un moment donné pour une nation (concurrence faussée, cartel, spéculation...) et provoquer une grave crise. Dans les pays pauvres ou en développement, les peuples sont les victimes à la fois des grandes puissances et de leurs propres classes dirigeantes qui s'enrichissent sur leur dos. ConclusionLe libre échange ne présente pas que des inconvénients, il permet dans certaines conditions aux pays les plus pauvres de se développer plus rapidement. Mais, dans un régime capitaliste, le libre-échange débridé est un système non équitable qui s'apparente à une guerre économique entre les travailleurs du monde entier pendant que les détenteurs du capital engrangent les bénéfices.Faut-il laisser partir en fumée sans réagir, comme une certaine gauche complaisante qui se dit "réaliste", l'a fait lorsqu'elle était au pouvoir, tous les acquis sociaux obtenus depuis près de deux siècles ? Pierre Tourev, 21/04/2006 |