Pour une Europe forte et fédéraleNe pas confondre le contenant et le contenuA contre-courant ! : C'est l'impression que j'ai en défendant une Europe fédérale, à l'heure où le national-populisme prône le repli sur soi et où la question de la construction européenne n'est pas une priorité dans le débat électoral de 2017. Oui, je suis partisan d'une Europe forte et fédérale : Europe fédérale, Fédération d'Europe ou Etats-Unis d'Europe, peu importe son nom. Pour la première fois dans l'histoire de l'HumanitéTous les grands empires se sont bâtis par la force et se sont maintenus grâce à un pouvoir autoritaire ou tyrannique. Mais, dès que ces régimes s'affaiblissent ou se libéralisent, la tendance à l'éclatement reprend le dessus. Chaque sous-ensemble, chaque région, chaque territoire réclame son autonomie voire son indépendance. L'empire éclate, se morcelle et finit souvent par disparaître, laissant la place à une période de décadence ou de chaos. Les plus petits fragments du puzzle deviennent une proie pour les plus gros ou tombent dans la zone d'influence des plus puissants.Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, au moins à cette échelle, au sortir de deux guerres mondiales dévastatrices, plusieurs nations européennes ont décidé de s'unir pour sauvegarder la paix et favoriser leur développement économique. L'union a commencé par ce qui était le plus facile, l'acier et le charbon, puis l'intégration économique, avec la libre circulation des marchandises, puis la libre circulation des personnes et enfin une monnaie unique. Une Union européenne critiquéeCette intégration économique est souvent critiquée, à juste raison, comme étant allée trop vite pour des pays ayant récemment adhéré à l'Union européenne, notamment les anciens pays du "bloc de l'Est". Les différences de niveaux de vie et de rémunération du travail ont créé un déséquilibre et une concurrence déloyale, plus particulièrement en ce qui concerne la main d'oeuvre.Union européenne et démocratieUne autre critique fréquemment entendue serait le manque de démocratie et l'opacité dans le fonctionnement de l'Union européenne.Effectivement, il y a eu le référendum de 2005 qui a rejeté le projet de "Traité établissant une Constitution pour l'Europe" (TECE). La classe politique française n'a pas été à la hauteur, d'abord en expliquant mal ce qu'était ce traité très complexe, puis en s'asseyant sur le vote des Français par l'adoption du "Traité de Lisbonne" par la voie parlementaire en février 2008. Cet épisode malheureux est sans doute à l'origine du divorce entre une grande partie des citoyens européens et les institutions de l'UE. Gageons que les dirigeants européens en ont tiré toutes les leçons. Pourtant, les traités qui fondent l'Union européenne donnent à celle-ci les moyens de fonctionner comme une démocratie. L'Union européenne dans sa forme actuelle repose sur deux pouvoirs :
Les citoyens européens sont donc doublement représentés au sein des institutions européennes :
La politique qui y est conduite, c'est autre chose. Si la politique de l'Union européenne apparaît libérale, c'est que la majorité des citoyens européens l'ont voulu ainsi à travers leurs parlements nationaux et le parlement européen. Il ne tient qu'à nous de faire évoluer le curseur de la majorité vers plus de social ou plus de protectionnisme européen. Ce n'est pas parce que la majorité ne partage pas notre vision de la politique que le système doit être dénoncé comme étant anti-démocratie. Accuser la Commission européenne dont les membres sont nommés, de ne pas avoir de légitimité démocratique est équivalent à dire que le gouvernement de la France n'en a pas non plus. Or, la désignation des membres de ces deux organes exécutifs est bien la conséquence d'un processus démocratique. En outre, "les commissaires européens sont auditionnés par le Parlement européen qui a la faculté de rejeter leur nomination" (Gary). Rejeter l'Union européenne parce que la politique qui y est conduite ne nous convient pas est une attitude antidémocratique. C'est jeter le bébé avec l'eau du bain, c'est confondre le contenant (les structures et institutions de l'Union européenne) avec le contenu (l'attitude des dirigeants et les choix politiques de l'ensemble des citoyens). La dangereuse illusion du "Chacun chez soi"L'intégration politique de l'Union européenne est pour le moment bloquée. Mieux, le Royaume-Uni a décidé de sortir de l'Union. En France, les questions de sécurité, d'immigration, de chômage, etc. prennent le pas sur celles de l'avenir de l'Union européenne, laissant le champ libre aux chantres du repli sur soi, du "chacun chez soi", et à ceux qui pensent que, moins ils sont nombreux, plus leurs idées ont des chances de devenir majoritaires. "On est tellement mieux entre gens qui se ressemblent !!!" Dangereuse illusion ! Etre dans une entité plus petite ne garantit en rien l'homogénéité de la pensée. Les divergences existent à tous les niveaux, pays, région, commune, quartier, famille.En France, lorsque la majorité change de camp au niveau national, les régions du camp adverse ne demandent pas leur autonomie ! Il en est de même pour les départements et les communes. Pour une Europe forte et fédéraleContinuer à faire de l'Europe un bouc émissaire de tous les problèmes, c'est compromettre notre avenir et celui de nos enfants. Une Europe faible face aux autres puissances mondiales, c'est la marginaliser au niveau de la planète. Il est urgent que la voix de ceux qui défendent une Europe forte, plus intégrée, fédérale, se fasse à nouveau entendre.La nation est une notion relative, elle n'est pas immuable. Dans le monde d'aujourd'hui, la France est un pays de taille moyenne, ce n'est plus une grande puissance comme au XVIIIe ou XIXe siècle. Seul le niveau européen peut nous éviter de devenir un Etat sous l'influence d'une autre grande puissance. Mais cela passe nécessairement par le transfert d'une partie de souveraineté au niveau supérieur, au niveau fédéral. La souveraineté nationale n'est pas abandonnée, c'est la nation qui change de dimension pour passer de nation France à nation Europe. Avec la construction d'une Europe fédérale, offrons à nos enfants et petits-enfants un projet d'avenir plus enthousiasmant que le "repli sur soi" mortifère des europhobes. Pierre Tourev, 21/11/2016, complété le 26/03/2017
>>> Définition : Fédération >>> Définition : Union européenne >>> Bibliographie : Union européenne >>> Texte : "Un jour viendra..." : Les Etats-Unis d'Europe. Discours de Victor Hugo au Congrès de la Paix de 1849. >>> Forum dédié à cet article : Union européenne |