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Léon Blum et l'héritage


La réforme oubliée (1946)




Comme nous le rappelle "Alternatives Economiques" (1), Léon Blum a fait part en 1946 au groupe parlementaire socialiste d'une proposition audacieuse visant à réformer l'héritage.

A son retour de déportation, l'ancien chef de gouvernement du "Front Populaire" clamait que les aspirations du socialisme à supprimer les inégalités sociales pouvaient se concrétiser à la fois par la voie de l'Ecole et par la réforme de l'héritage. Ainsi, Léon Blum propose notamment de supprimer toute succession collatérale et de limiter les successions directes à une génération.
    "Je vise en ce moment la propriété capitaliste telle que nous l'avons toujours et constamment définie et pense que nous pourrions envisager dès à présent l'interdiction absolue de toute succession en ligne collatérale. Dans une succession, excepté la ligne descendante directe, il n'y aurait pas d'autres héritiers que la nation, et dans la ligne descendante directe elle-même, la transmission successorale serait limitée à une génération."

Par cette mesure sur deux générations, Léon Blum cherchait à répondre aux critiques des économistes libéraux pour lesquels rendre impossible la transmission du patrimoine à ses enfants étoufferait chez l'homme l'envie de travailler.

Les ressources nouvelles dont disposerait l'Etat seraient utilisées pour favoriser l'équité entre les contemporains en les concentrant sur l'Education et la Protection sociale.

Effrayés par l'audace de cette réforme, les députés socialistes ont rejeté cette idée.

Cohérent avec ses convictions, Léon Blum a fait don au "Populaire" de sa part de l'héritage paternel.


Pierre Tourev, 30/06/2010



1 - "Alternatives Economiques" Hors-série n° 085 - avril 2010 - La réforme de l'héritage: une idée oubliée de Léon Blum



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