Le plafonnement de l'héritageRemettre les compteurs à zéroLa transmission du patrimoine d'un défunt à ses héritiers est, dans nos sociétés modernes, l'une des règles et des traditions les plus injustes et des plus inéquitables, même si elle est très largement admise. Mon propos n'est pas de remettre en question le droit à la propriété privée, bien au contraire. Une politique différente en matière de succession pourrait, par ses effets secondaires, permettre à un plus grand nombre de personnes d'accéder à la propriété, en particulier pour le logement. Posons-nous légitimement la question : A qui revient le mérite de la fortune du défunt ? Supposons que celui-ci ait acquis sa fortune sans enfreindre la loi. A qui appartiennent réellement les richesses accumulées toute une vie ?
En les regroupant, on peut ainsi identifier trois "retro-héritiers" :
"Mais, il a acquitté honnêtement tous ses impôts, il est quitte avec l'Etat", direz-vous ! A cela, on peut répondre que la paix et la sécurité dont il a profité n'ont pas de prix. Sans elles, il n'aurait rien eu, avec elles il a tout. La transmission d'un héritage à des descendants ou à des collatéraux apparaît injustifiée sur le plan de l'équité. En outre, en concentrant au fil des générations d'immenses fortunes au main d'une petite partie de la population, elle permet de maintenir en place une forme de féodalité basée sur l'argent, le capitalisme héréditaire, qui ne fait qu'accroître les inégalités. L'héritage n'est ni plus ni moins qu'une transmission de privilèges, comme autrefois les titres de noblesse. Je ne dis pas que l'on doit supprimer totalement le droit d'héritage aux descendants, mais seulement d'instaurer un plafond pour l'héritage. Ceci laisserait à la plupart des personnes la possiblité de transmettre à leurs enfants les biens pour lequels elles ont souvent travaillé toute leur vie, comme la maison familiale. Une telle mesure ne concernerait que les grandes fortunes, soit nettement moins de 5% de la population. Même les vrais libéraux devraient souscrire à cette idée en y voyant le moyen de diminuer d'autres impôts et de faire un grand pas vers l'égalité des chances en favorisant le vrai "mérite" et non pas la chance d'être né dans la bonne famille. Pierre Tourev, 09/04/2006, mis à jour le 09/09/2009
>>> Complément : La remise en cause de l'héritage à travers l'histoire. >>> Complément : Mise en oeuvre du plafonnement de l'héritage. >>> Complément : A propos du droit d'héritage. Extrait du Catéchisme révolutionnaire de Mikhaïl Bakounine (1865). >>> Complément : La question de l'héritage au 4ème congrès de l'A.I.T., en 1869. >>> Complément : Extraits de l'ouvrage d'Emile Durkheim, "Le socialisme" (1928), sur la question de l'héritage. >>> Complément : Léon Blum et l'héritage : La réforme oubliée (1946). >>> Complément : Texte d'Albert Jacquard, "Droit de propriété : l'individu contre l'espèce". Extrait de "J'accuse l'économie triomphante" (1995). >>> Article : A propos de l'héritage. Comment crever les "bulles de capital". >>> Article : Constitution du patrimoine. Modélisation mettant en évidence l'accumulation du capital. >>> Proposition : Mutualisation de l'héritage. Repensons les modes de transmission de l'héritage >>> Forum : Pour un plafonnement de l'héritage >>> Sélection du forum des Toupinautes : La suppression ou le plafonnement de l'héritage, une grave question : Un troisième type de solutions |