Hoax, fausses rumeurs, fausses informations
Apprendre à les repérer
Autrefois les rumeurs et les croyances populaires se propageaient par le bouche-à-oreille. De nos jours, elles se répandent à grande échelle et à la vitesse d'un clic sur Internet, via les messageries, Twitter et les réseaux sociaux. Appelées hoax, elles sont la marque de l'inquiétude de nos contemporains face à l'avenir. Ces fausses rumeurs, qui s'appuient sur la crédulité populaire, sont souvent diffusées de manière intentionnelle pour favoriser le développement d'idéologies conspirationnistes ou populistes, notamment par les courants d'extrême droite que l'on nomme parfois la fachosphère.
Si, avec un esprit en éveil et averti de l'existence de ce phénomène, certains hoax sont faciles à repérer, il est parfois difficile de savoir si le contenu d'un message est faux ou infondé.
Jean-Bruno Renard, professeur de sociologie à l'université Paul-Valéry - Montpellier 3, identifie les raisons pour lesquelles les êtres humains aiment autant les rumeurs et les légendes :
"Tout d'abord la rumeur révèle une information ou une histoire surprenante, insolite, terrifiante ou humoristique, que l'on a envie de partager. Deuxièmement, la rumeur qui nous plaît et que l'on colportera est une information ou une histoire qui nous concerne, qui parle de nous, c'est-à-dire de nos peurs, de nos désirs, de nos croyances, de nos préjugés. Troisièmement, la rumeur circule bien parce qu'elle délivre un message moral, distinguant ce qui est bien et ce qui est mal, les bons et les méchants. On aime à dire du mal d'autrui, notamment parce que cela revient à dire indirectement du bien de soi et de son groupe."
Interview sur hoaxbuster.com - 31 mars 2014
Comment identifier un hoax, une fausse rumeur et plus largement une fausse information ?
Voici quelques critères pouvant aider à les repérer:
Le contenu :
- le message est alarmiste, il s'appuie sur une crainte que l'on peut avoir ou il fait appel à l'émotion, à l'indignation.
- les conclusions résultant des faits ne sont pas logiques ou "tirées par les cheveux".
Lorsqu'il existe plusieurs thèses en concurrence dont on peut déduire le même résultat et qu'on ne peut les départager, la plus simple est le plus souvent la meilleure... jusqu'à preuve du contraire (Cf. le rasoir d'Occam).
- le contenu est trop beau pour être vrai : espérance de gain ou de bonheur...
- le message contient une incitation à faire suivre le message ou à le partager avec ses relations afin de les informer et de les protéger,
- un nombre restreint de faits sert de base à une généralisation.
Une affirmation péremptoire est illustrée par un seul fait, souvent détourné de son contexte, voire falsifié.
La source :
- on ne sait pas d'où vient l'information, quelle en est la source, qui en est l'émetteur, si c'est un vrai journaliste ou un expert digne de confiance.
- il n'y a pas de date ou la date est ancienne,
- les faits sont imprécis (lieu, circonstances, fréquence),
- le message n'est pas accompagné d'une référence ou d'un lien hypertexte vers un site sérieux qui indique la véracité de l'information.
- aucun média crédible, fonctionnant avec de véritables journalistes, ne relaie cette information.
De nombreux sites d'information ou, plus exactement, de réinformation qui se présentent comme "alternatifs" et défenseurs de "la vérité" fonctionnent "en bulle", reprenant les fausses informations les uns sur les autres. Leur objectif est de faire du "buzz" afin d'engranger un maximum de recettes publicitaires ou de propager une idéologie toxique (l'exemple le plus courant est la fachosphère sur Internet).
Ce n'est pas parce que plusieurs sources "indépendantes" reprennent une information que celle-ci est vraie. Encore faut-il que ces sources soient crédibles.
Conduite à tenir :
- Rechercher sur Internet si cette information n'a pas déjà été démasquée comme étant fausse.
Pour cela on peut consulter les sites Internet des grands quotidiens nationaux (exemple : la rubrique Désintox de liberation.fr) ou des sites spécialisés dans la lutte contre la propagation des fausses informations comme :
- hoaxbuster.com : "HoaxBuster.com poursuit un objectif : mettre un terme à la propagation des hoax et des rumeurs en circulation sur le web francophone !"
- hoaxkiller.fr : site "conçu pour aider les internautes à identifier les hoax afin de lutter contre la pollution des boîtes aux lettres et autres dégâts qu'ils engendrent."
- debunkersdehoax.org : "une page qui démolit hoax / intox et rumeurs des extrêmes droites".
- Remonter le plus loin possible à la source de l'information, à l'évènement d'origine, par les moteurs de recherche ou, s'il y a une photo, par la Recherche par image (sur Google notamment). On risque alors de découvrir comment les faits sont sortis de leur contexte, détournés, déformés ou falsifiés pour devenir une rumeur ou une fausse information.
- Ne rediffuser aucun message que l'on vous demande de faire suivre, de manière automatique, sans avoir vérifié au préalable si le contenu est vrai et s'il n'est pas préjudiciable.
Rappel : les auteurs de messages diffamatoires ou injurieux circulant par courrier électronique, sur les réseaux sociaux, forums de discussions ou blogs, peuvent être poursuivis pour diffamation ou injure. Il en est de même pour ceux qui relayent de tels messages.
En outre, ne pas participer à la propagation d'une rumeur évitera de faire peur à certains de vos correspondants et vous empêchera d'être ridicule si l'un d'eux vous prouve qu'elle est fausse.
Même si l'on perd un peu temps à vérifier la véracité d'une information, par rapport à un simple clic pour la partager ou la faire suivre, on ressentira une grande satisfaction pour avoir démasqué un hoax et préservé ainsi ses relations de la désinformation ou de la manipulation.
Pierre Tourev, 29/12/2016
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