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Petit Prince

Par temps de COVID



Un jour que je me terrais en cénobite
Impromptu je reçus une visite
Petit Prince revêtu de son pourpoint
Apparut sur mon seuil tout soudain
Et souriant me tint ce langage :

Si je viens visiter ta planète
C'est pour te mettre en garde
Nos calendriers stellaires le disent
Pour votre terre en l'année deux fois vingt
Ce fameux messie que vos aïeux
Depuis longtemps appelaient de leurs voeux

Vous fera visite
Son nom est COVID

Comme tous ceux qui l'ont précédé
Vous le repousserez le pourchasserez
Le confinerez et l'exterminerez
Tous les chasseurs impavides
A ses trousses feront le vide
Vos maîtres lui déclareront la guerre
Et vous tous suivrez derrière
Vos spécialistes le décortiqueront
Vos analystes le condamneront
Et vos populations en mourront
Et pendant 2000 ans encore
Des zélateurs célébreront sa mort
Suivie bien sûr de sa résurrection

Devant mon air ahuri
Le Petit Prince sourit
Vous êtes certes prompts à brandir l'étendard
De nouvelles religions, à porter le brocart
D'innombrables clergés tout puissants
D'incroyables mensonges et fictions forgeant
Mais saurez-vous un jour sur votre terre
Découvrir à vos pieds et sous vos yeux
Ce que ce petit être sans membrane claire
Se propageant dans votre monde sans frontière
Pourrait bientôt devenir le lieu

COVID c'est la richesse du vide
COVID c'est la beauté d'une ride
COVID c'est le goût de l'acide
COVID c'est le charme du biocide
COVID c'est l'humeur candide

Que veux-tu dire oiseau de malheur ?
Quelle leçon as-tu à nous donner
Nous les maîtres de l'univers
Qui savons décrypter de la matière les mystères
Qui savons reproduire et cloner le vivant
Nous les futurs transhumains tout-puissants ?

Apprends ceci me dit le Petit Prince
De la vie et de la mort vous n'êtes pas les maîtres
Du monde des vivants vous ne savez rien ou presque
Une fourmi un brin d'herbe sont plus savants que vous
Vous seuls n'en savez rien car votre arrogance vous aveugle
Crois-moi humain moins qu'humain
Petit COVID vous apprendra en deux mille vingt
Que vous êtes trois fois rien
Et qu'il vous faudra attendre jusqu'à demain
Pour saluer enfin le soleil du petit matin.


Jacqueline, 15/04/2020




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