Le suicide collectif du repli national
Osons une nation Europe
Dans les démocraties occidentales, la tendance actuelle et quasiment générale est le repli des habitants sur eux-mêmes, sur leur petite nation, sur leur petit territoire, sur leur petit village, sur leur petit quartier, sur leur petit lopin de terre,. sur leur petit "pré carré". Mais cette tendance est aussi un repli sur leur passé ("le bon vieux temps"), sur leur identité (culture, racines, traditions), sur l'histoire de leur "pré carré", même cette histoire a été peu glorieuse, belliqueuse, impérialiste ou colonialiste.
Dans notre monde qui est toujours plus complexe, aucun être humain n'est en mesure de le comprendre dans son entièreté et ne le sera sans doute jamais, N'aimant ni la complexité, ni les incertitudes anxiogènes, l'Homme est prêt à se raccrocher à tout ce qui peut lui apporter une réponse globale, simple et rassurante. Ayant leurs propres cohérences internes, de nombreuses réponses sont construites pour séduire le commun des mortels : nationalismes, idéologies politiques, idéologies racistes, religions, croyances et charlatanismes de toute sorte, théories du complot, etc. Les nouveaux adeptes y accourent en masse.
Au niveau européen, ce mouvement de repli est profond. Le Royaume-Uni avec le Brexit, la Pologne, la Hongrie, la Suède et maintenant l'Italie, pour ne citer qu'eux, privilégient le repli national. La France n'est pas en reste avec un Rassemblement national (RN ou "Repli National" ?) qui ne cesse de progresser au fil des élections ainsi qu'un retour en force des "Territoires" mis en avant dans les discours politiques.
Ce repli des nations sur elles-mêmes n'est autre qu'un repli sur un passé idéalisé, sur une vision étriquée de l'histoire et de la politique. Entrainés par les démagogues et les populistes, les peuples européens semblent plonger dans une sorte de dépression qui fait le jeu des autres puissances.
Les Etats-Unis peuvent se réjouir de voir l'Union européenne se débattre dans des atermoiements nationaux, éloignant la perspective d'une superpuissance européenne qui entamerait leur hégémonie. Les autres puissances mondiales, non démocratiques, comme la Russie et la Chine, encouragent ce morcellement national et se frottent les mains. Divisés et victimes d'une forme de suicide collectif, les Etats européens seront plus faciles à dépecer.
Les hommes politiques, qui préfèrent encourager ce repli national pour s'attirer les bonnes grâces d'un électorat déboussolé, joueraient vraiment leur rôle, s'ils proposaient une vision tournée vers l'avenir, un projet commun à tous les peuples européens. Ce serait un projet fédérateur et mobilisateur : construire une véritable nation Europe, capable de faire face à tous les défis du futur, en particulier celui des autres puissances qui souhaiteraient nous voir désunis et donc affaiblis.
Même si l'on considère que l'organisation et le fonctionnement de l'Union européenne actuel, ne sont pas parfaits, "il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain". L'Union européenne devrait être notre futur, sinon l'implosion et le retour vers le passé des nations nous conduira au chaos.
La nation Europe doit être notre ambition. En paraphrasant Victor Hugo, "Ne soyons plus Français, ni Allemands, ni Italiens, ni Polonais, ni Hongrois,.... Soyons Européens."
Pierre Tourev, 29/09/2022
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