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Sommes-nous en train de nous effondrer ?

Il nous faut décroître



J'ai travaillé au Kazakhstan et à Moscou dans les années 90. J'y ai vécu les affres de la chute de l'URSS. Cet effondrement a duré quelques années, mais mes contacts n'en avaient pas conscience au moment, et même parfois, a posteriori. Constantinople s'est aussi effondrée au XVè siècle, ce processus-là a duré des dizaines d'années, mais les habitants en étaient tellement peu conscients qu'ils se sont battus avec acharnement pendant près de deux mois contre l'envahisseur turc. Ces exemples me disent que notre civilisation pourrait aussi être en train de s'effondrer sans que nous nous en rendions compte (comme prévu par les collapsologues).

Car nous sommes confrontés à de nombreuses crises dans des tas de domaines différents:
  • Le climat avec de feux de forêt, des inondations, des sécheresses, des fontes de glaciers.

  • La sixième extinction de masse des espèces. Nous avons par exemple perdu au moins 25% de nos insectes sur une période de deux générations humains.

  • Les pollutions atmosphériques et marines nous tuent: PFAS, plastique, pesticides, marées noires, déchets industriels et agricoles, ...

  • Les risques sanitaires restent importants, comme la dengue à Rio de Janeiro ou le cancer dont les médecins prévoient une explosion, sans proposer de prévention.

  • Les conflits sociaux qui prennent de plus en plus d'ampleur. Chaque corporation estime avoir droit à une plus grande part du gâteau, mais refuse souvent de changer sa façon de travailler ainsi que la structure de sa profession. Avec en filigrane, les politiciens qui ont une peur panique d'une révolte sociale, comme celle des gilets jaunes.

  • Les drames des réfugiés, à l'international et à l'intérieur des pays d'origine.

  • L'état et des entreprises ne respectent pas des jugements d'un procès. Les Nations Unies ne parviennent pas à imposer la paix ni en Ukraine, ni à Gaza.

  • Les drames liés à la drogue jusqu'aux fusillades en rue.

  • Notre démocratie est dévoyée par le système. De plus, comme en Russie, la presse ne donne pas de nouvelles opposées à notre vivre-ensemble fondamental, par crainte de perdre des lecteurs.

  • La qualité des services sociaux diminue depuis une vingtaine d'années (hôpitaux, écoles, retraites, protection civile, .).

  • La natalité baisse, nous baisons moins.

  • Le QI moyen de notre population, après avoir augmenté au cours du 20è siècle, s'est mis a diminuer de 20% à partir de 1990. Espère-t-on que l'IA va combler ce déficit ?

  • Notre économie souffre d'un nombre grandissant d'inactifs, qui ne participent pas à la richesse commune. La mondialisation souffre de la fermeture du Canal de Panama (réchauffement climatique) et de la mer Rouge (guerre à Gaza).
Peu de ces ennuis sont neufs, mais leur simultanéité et leur ampleur inquiètent.

Toutes ces merdes sont sans doute attribuables à une cause commune, le dogme de la croissance infinie. Elle est impossible sur une Terre finie et des scientifiques ont calculé que nous avons déjà amplement dépassé les limites de notre planète. Comme une famille qui vit dans des locaux trop petits, subit des frictions, nous vivons sur une Terre trop petite, ce qui cause tous ces déséquilibres.

Une seule conclusion: il nous faut décroître. Et vite. À Durbuy par exemple, il faut refuser fermement le ghetto pour riches Flamands ainsi que le nouvel hôtel.

Tous les experts en communication m'ont prédit que vous ne liriez pas jusqu'à ici. Mais vous l'avez visiblement fait. Merci. Aucun parti politique ne discute la décroissance, ne propose de scénario pour arrêter notre croissance effrénée, ni pour s'adapter à un monde effondré. Pour eux, ne pas perdre leur électorat est plus important que notre survie.


Marc, La Page de Marc n°89, 20/02/2024



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