"Toupictionnaire" : Le dictionnaire de politique
Taxe Tobin
Taxe sur les opérations financières
Définition de Taxe Tobin
Etymologie : du latin taxaretaxer, fixer le prix de, estimer, apprécier, évaluer, et du nom de James Tobin, économiste à l'université de Yale (USA) et prix Nobel d'économie en 1981.
La "taxe Tobin"
On appelle "taxe Tobin" la taxe ou redevance proposée en 1972 par l'économiste américain James Tobin pour les transactions financières sur les marchés internationaux de devises. L'objectif était de freiner la spéculation afin de réduire la volatilité des cours et les risques de crise, après l'abandon de la convertibilité en or du dollar en 1971.
Dans sa conception, cette taxe devait avoir une assiette et un taux identiques dans tous les pays. Les fonds seraient collectés par chaque état, puis reversés à un organisme international géré par le FMI, la Banque mondiale ou un organisme indépendant sous le contrôle de l'ONU. La redistribution se ferait en priorité vers les pays les moins avancés.
La "taxe sur les opérations financières"
La "taxe sur les opérations financières" (TOF) a un caractère plus large que la taxe Tobin qui, à l'origine, ne concernait que le marché des changes. Elle s'applique aussi aux transactions sur les obligations, les actions et les instruments financiers dérivés.
Cette taxation est établie sur la valeur brute des actifs échangés. Son faible taux, situé entre 0,05% et 1%, pouvant varier selon les marchés, n'est pas de nature à freiner les échanges non spéculatifs, mais est censé décourager les spéculateurs qui, notamment grâce à l'informatique, peuvent effectuer un nombre important de transactions en quelques secondes.
Bien que conceptualisée il y a près de 40 ans, cette taxation n'a toujours pas été mise en place par les pouvoirs politiques, car elle est considérée comme irréaliste et inapplicable. Elle a rencontré depuis la crise mexicaine de 1994 un fort intérêt de la part du mouvement altermondialiste. En France, elle a été soutenue par l'ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens), créée en 1998, et désormais implantée dans de nombreux pays.
Des ONG et des organisations altermondialistes demandent que tout ou partie des recettes soit utilisé pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ainsi que pour l'adaptation des pays les plus pauvres aux changements climatiques.
Depuis la crise financière de 2008, certains pays comme l'Australie, la Belgique, la France et, plus récemment l'Allemagne se sont montrés favorables à une taxe sur les opérations financières.
Argument des opposants
La majorité des économistes sont défavorables à cette taxe. Les opposants font ressortir la grande incertitude quant à son impact réel sur le fonctionnement des marchés et sur l'activité des spéculateurs.
En outre, elle ne pourrait être efficace que si elle est instaurée au niveau mondial. La globalisation financière permet en effet une délocalisation très rapide des échanges vers une zone où une telle taxe n'existerait pas.
Les transactions financières étant difficiles à mesurer, elle serait facile à contourner.
Elle constituerait un frein aux échanges en général, même non-spéculatifs (notamment du fait des entreprises multinationales qui fonctionnent en réseau et ont besoin d'optimiser leur trésorerie en temps réel). La Suède a ainsi abandonné une expérimentation de la taxe Tobin dans les années 1990 en raison de la forte baisse des échanges qu'elle a engendrée.
En rendant les marchés moins "liquides" à cause de la diminution des transactions, elle accentuerait la volatilité des cours, ce qui est l'effet inverse de celui recherché.
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