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Réchauffement climatique

Un peu de sobriété dans les déplacements



On a beau édulcorer le phénomène en l'appelant dérèglement climatique, changement climatique, transition climatique ou encore adaptation climatique, le réchauffement est désormais bien sensible. Il serait même préférable de parler d'urgence climatique. Il y a maintenant plus de 30 ans que les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme, et l'on en est peu ou prou au même point, si ce n'est un début de prise de conscience dans la population, par la force des choses.

Au niveau de la planète, les intérêts qui tirent dans le sens opposé de là où il faudrait aller sont partout :
  • géopolitique : mon pétrole et mon gaz naturel !
  • financier : mes dividendes !
  • économique : mon business, mes salariés !
  • individualiste : mon emploi, mon confort, ma liberté avant tout !
De son point de vue, chacun se donne raison. Mais cela n'est pas compatible avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre ! Chacun le sait et attend que ce soient les autres qui fassent l'effort ou alors espère on ne sait quel miracle. Mais la physique et la chimie de l'équilibre de la vie sur Terre n'ont que faire des miracles.

En attendant que l'intelligence artificielle de 5ème génération nous sauve comme l'espèrent les cornucopiens, il pourrait être intéressant de s'attarder sur une question bien concrète : la mobilité et les transports. En France, avec environ 30% [Source INSEE] du total, les transports sont le plus gros poste pour l'émission de gaz à effet de serre. Depuis des décennies, les gouvernements et les industriels cherchent à augmenter l'efficacité des déplacements - avoir des voitures ou des avions moins gourmands en carburant ou à favoriser le trafic ferroviaire, le covoiturage, l'éco-conduite, le vélo, etc. Mais la question, sans doute tabou, de réduire les déplacements n'est que rarement évoquée, si n'est le transport des marchandises avec la relocalisation de l'industrie (mais pour d'autres raisons comme l'emploi et la souveraineté économique).

Quant aux déplacements des personnes, la crise sanitaire a montré tout ce que pouvaient apporter le télétravail pour réduire les trajets domicile / lieu de travail ainsi que les télé- ou visioconférences pour les réunions à distance. Mais, il faudrait aller encore beaucoup plus loin pour que la réduction des déplacements des personnes devienne significative. En effet, les mobilités douces (vélo, trottinette, marche à pied.) ne jouent que sur les premiers kilomètres. Au-delà, il faut envisager des actions fortement incitatives à la sobriété dans les déplacements.

Au risque de faire hurler des lecteurs voici quelques idées volontairement provocatrices qui montrent que ce champ d'action est encore trop peu exploré.
  • Renchérir le coût du transport longue distance (avion, train).

  • Imaginer des quotas de kilomètres de voyages propres à chaque individu et taxer fortement les dépassements.

  • Interdire de partir en vacances à plus x milliers de kilomètres de chez soi, sauf si c'est à pied, en vélo ou en voilier.

  • Développer le tourisme virtuel. Exemple : un touriste virtuel avec un casque en vision 3D et un guide local doté d'une caméra stéréoscopique avec lequel le touriste pourrait interagir lorsqu'il visiterait un monument, une ville, un musée, etc.

  • Soutenir le commerce de proximité.

  • Inciter les consommateurs à la sobriété dans leurs achats (achat = transport intermédiaire + déplacement ou livraison)

  • Favoriser le recrutement de salariés habitant près des locaux où ils vont travailler.

  • Inciter financièrement les entreprises à louer à leurs salariés des logements à proximité du lieu de travail et les pénaliser lorsque ceux-ci résident trop loin.

  • Augmenter la TVA sur les moyens de transport et sur les carburants et la réduire sur ce qui contribue à limiter les déplacements : téléphonie, internet à haut débit pour le télétravail et les visioconférences, etc.

Toute autre idée allant dans le même sens sera la bienvenue.

L'idéal, bien sûr, serait que ces actions soient entreprises au niveau mondial. On peut rêver.


Pierre Tourev, 24/08/2023


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